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The Long Dark

La beauté glaçante du grand nord canadien

La première fois que j’ai joué à The Long Dark c’était à sa sortie, en 2017. Je me souviens avoir été impressionnée par la profondeur des sensations véhiculées par ce jeu. Je me souviens aussi d’avoir été très très mauvaise. 

Mon personnage est mort dans les cinq minutes suivant le début de ma première partie. Ça promettait pour la suite d’un jeu dont la survie est la priorité. Néanmoins, le mode histoire que je commençais me paraissait déjà très expressif, notamment comme véhicule du sentiment de solitude, des sensations provoquées par le froid glacial : le bruit des craquements de neige sous les pas, la difficulté d’avancer lors des tempêtes des neiges, etc. A l’époque ce mode fût pas mal critiqué, notamment pour manque de contenu, mais même dans sa forme initiale, la campagne arrivait à transmettre des émotions à travers la narration environnementale et la beauté des paysages.

Hinterland, le studio de développement à l’origine de The Long Dark, n’a rien changé à l’esprit initial du jeu, mais depuis sa sortie il n’a pas cessé d’apporter des modifications et en général, d’améliorer l’expérience vidéoludique proposée. Aujourd’hui encore, l’équipe des développeurs continue à travailler sur le mode histoire, complètement repensée (trois chapitres sur cinq ont été publiés pour le moment), mais également sur des mises à jours du mode survie et des événements du jeu.

Pour se rendre compte de tous les changements qu’il a subi, il suffit d’aller sur le site de The Long Dark et de jeter un coup d’œil à la capsule temporelle mise à disposition par les développeurs. Il s’agit en fait d’une option qui permet aux joueurs d’expérimenter l’évolution du jeu à travers les mises à jour le plus importantes.

Ma descente en rappel (The Long Dark – mode survie)
L’ours qui m’a accueilli en bas de la colline (The Long Dark – mode survie)

Vous l’aurez compris, je ne parlerai pas dans cet article de la profondeur du gameplay, qui par ailleurs, est intelligent et complexe. Je ne parlerai pas non plus de la fraîcheur qu’apporte The Long Dark dans la mare des jeux vidéo de survie qui prennent systématiquement le joueur par la main. Je vais surtout étaler mes impressions sur un jeu qui m’a rappelé la force de l’immersion vidéoludique.

The Long Dark, c’est moi, avec un sac à dos qui pèse plus que ma personne, à la recherche d’un abri enfoui quelque part dans l’immensité blanche. The Long Dark c’est le crissement de la neige sous mon pas lourd. C’est le crépitement du feu, annonceur d’espoir pour des jours meilleurs. Ce sont les tempêtes des neiges, tellement fortes qu’aucun feu ne leur résiste. C’est l’épais brouillard qui paralyse mes sens, bien que je me trouve à quelques mètres d’un abri. C’est la volonté de continuer malgré et contre tout; et parfois d’y arriver.
The Long Dark c’est aussi épargner le lapin que j’ai réussi à capturer, parce que l’acte de le tuer me révulse. C’est ravaler son dégoût et sa culpabilité quand, poussée par la proximité de la mort, affamée, je fini par tuer un lapin et le manger. C’est partir en quête de vengeance contre les loups qui m’ont attaqué et mourir de froid sur le chemin.  C’est la reconnaissance que je ressens à chaque prise, quand je tente de pêcher un poisson ou quand le feu fini par s’allumer malgré les caprices du vent.
The Long Dark m’a appris à apprécier des choses simples, les conserves et les paquets de biscuits rassis.  Les nécessaires à couture, les pulls de marins, les moufles en laine, les bonnets et les sous-vêtements thermiques. Sans oublier la neige et le feu : deux bons amis qui me donneront la ressource la plus essentielle de toutes – l’eau. 

Nuit boréale | The Long Dark (mode survie)

Et parfois,  face à la beauté des étendues canadiennes, il devient presque trop facile d’oublier le but initial de The Long Dark. Trop facile d’oublier de survivre, perdue dans la nature, enveloppée dans un lourd silence, ponctué par les sinistres hurlements des loups. Trop facile, quand devant les majestueuses aurores boréales, on en arrive à oublier le froid qui vous glace le sang. Alors, on pourra enfin se « fondre dans la longue nuit » et on fermera les yeux sans regrets.